Le saviez-vous ?
Les tchèques sont les plus gros consommateurs européens de bière avec 141 litres de bière par an et par habitant, devant les autrichiens et les allemands (Source : EUROPEAN BEER TRENDS STATISTICS REPORT | 2019 EDITION). La France est bien loin derrière avec seulement 33 litres par an et par habitant.
Loin d’être des alcooliques notoires, cette consommation certes élevée d’une boisson alcoolisée s’explique par la tradition très ancrée des Lagers et plus particulièrement de la Pils, bière de soif par excellence. Peu alcoolisées, elles sont bien loin des Triples belges à 8% alc./vol. ou des Imperial Stout qui frôlent parfois les 14% alc./vol.
Née au XIXème siècle, la Pils est un bière légère très « drinkable ». Son faible degré d’alcool est typique de ce style. Et croyez-en mon expérience, il faut en boire un paquet avant d’être saoul. Petite particularité, les tchèques s’expriment en degré Plato (noté °P) et non pas en degré alcoolique. Cela peut paraître déroutant à première vue mais on s’y fait vite. Pour faire simple, Le °P tient compte de la quantité de sucre avant fermentation. Ces sucres fermentescibles se transformant en alcool et en gaz, le °P permet donc de se faire une idée à la fois sur la teneur en alcool et sur la texture finale de la bière.
Les Lagers ou bières de fermentation basse nécessitent un temps de fermentation plus long à une température plus basse que pour les bières de haute fermentation : 5 à 6 semaines contre 3 en moyenne pour les ales. Elles sont donc plus longues à fabriquer. De plus, une vraie Pils à la tchèque se brasse en décoction. Initialement plus rustiques, les malts tchèques nécessitaient un trempage plus long. La décoction permettant un rendement plus important et donc un transfert des caractéristiques gustatives du malt plus intense ainsi qu’une texture plus dense qu’avec un empâtage classique. C’est Pavel de la brasserie Slavkovský Pivovar qui a eu la patience de nous expliquer cette technique en détail. Au goût, une bonne Pils se doit d’exprimer une attaque maltée, une texture légère, une bulle fine mais peu piquante et une finale légèrement houblonnée. Ce sont ces caractéristiques qui la rendent si buvable. A savoir aussi qu’une bière tchèque vous sera toujours servie avec beaucoup de mousse 😉
La République Tchèque, cependant, n’est pas exempte de renouveau brassicole. De nouvelles brasseries voient le jour. Avec cette particularité des pays de tradition brassicole et cette volonté affichée de mixer tradition et renouveau. Sibeeria en est un bon exemple. Ouverte très récemment en décembre dernier, ses propriétaires dont l’influence internationale se ressent lors de la visite de leur bar ; le Beergeek, souhaitent brasser de la Pils mais aussi des Ales d’influences internationales. Ils prévoient d’ailleurs l’arrivée prochaine d’une encanneuse.
Même si la majorité des bars de Prague servent de la Pils industrielle, vous y trouverez sans problème quelques Lagers et Ales locales.
Les adresses à visiter :
- A Prague :
Le BeerGeek Bootle Shop – Slavíkova 1047, 130 00 Praha 3-Žižkov
Une cave à bière avec dégustation sur place. La 1ère adresse de l’équipe du Beergeek bar et de la brasserie Sibeeria. Une sélection hétéroclite nationale : Clock, Kamenice, Sibeeria (of course)… Et internationale : Cloudwater, Nothern Monk, Stone, beaucoup de belges aussi avec un belle sélection de Lambic et de la Oud Beersel en BIB. Aucune bière françaises par contre…
Le BeerGeek Bar – Vinohradská 988/62, 130 00 Žižkov
Un bar à la déco moderne avec une sélection locale et international. La clientèle y est jeune et branchée.
Le Prague Beer Museum – Smetanovo nábř. 205, 110 00 Staré Město
Un bar plus traditionnel pour se plonger dans l’ambiance praguoise avec 30 bières à la pression, traditionnelles pour la plupart.
La brasserie Klásterní Pivovar du Monastère Strahov – Strahovske nadvori 301/10, Prague 118 00
Décrite avec passion par Andréas, un allemand habitué du BeerGeek Bootle Shop. Ce monastère situé à 2 pas du château de Prague, est un lieu incontournable de la culture praguoise. La bibliothèque est à visiter absolument !
La brasserie Vinohradský Pivovar – Korunní 2506/106, 101 00 Vinohrady
Visitée très rapidement car nous sommes arrivés trop tardivement pour manger. Le clou du spectacle se situe dans l’escalier avec une vue imprenable sur les vieilles cuves en cuivre.
Le restaurant Vinohradský Parlament – Korunní 1, 120 00 Vinohrady
Là il ne s’agit plus d’un bar, ni d’une brasserie mais d’un restaurant. Récemment rénové, le plafond est impressionnant et la salle immense. A la carte, l’échine de porc à la bière et le chevreuil sont délicieux. A noter que les knödels (sorte de galettes à la pomme de terre ou au pain) sont à volonté avec certains plats. Mais, ils sont tellement bourratifs qu’un panier suffit !
- A Bnro :
La brasserie d’Austerlitz / Slavkovsky Pivovar – U Mlýna 1422, 684 01 Slavkov u Brna
Suite à la visite du fabricant de cuves Destila, Nenad nous a conduit jusqu’à la brasserie d’Austerlitz (Slavkovský), petit Brewpub « du coin » équipé d’une salle de brassage Destila semi-automatique. Pavel a pris le temps de nous expliqué en détail le processus de brassage en décoction.
- Entre Prague et Brno :
La brasserie Pivovar Kamenice – nám. Čsl. armády 2, 394 70 Kamenice nad Lipou
Toute récemment rénovée sur les ruines d’une ancienne brasserie, l’endroit est immense. La brasserie de 30hL, l’alignement des cuves à la cave et le bar/restaurant démontrent l’ambition du lieu.
Ce voyage n’aurait pas été possible sans l’invitation de la brasserie de la Pleine Lune (merci Benoit !) et sans l’organisation hors-pair de Nenad (agent technico-commercial Destila – www.materieldubrasseur.com) que je remercie chaleureusement. Au départ, simple visite du fabricant de cuves Destila, notre voyage s’est transformé en véritable beertrip fascinant. Prague est une ville magnifique. J’y retournerai volontiers pour profiter de l’architecture, ses rues romantiques et de toutes les bonnes adresses qu’il me reste encore à découvrir.
Ben t’as pas chômé ! autant d’adresses en 36 heures, c’est un challenge ! Au final ça donne sacrément l’envie ! Je suis déjà dans la moyenne tchèque (voire au delà…), prêt à tenir la distance pour tester toutes ces bonnes adresses !
(Un voyage en perspective avec mon fils qui en à déjà testé quelques-unes)
Je me pose une question : le degré Plato étant à la base (pour l’avoir appris à l’occasion de ton voyage) le pourcentage en masse d’extrait sec du moût avant fermentation, un brasseur pourrait-il utiliser cette info pour élaborer une recette, sachant qu’il ne passera (normalement) pas par l’étape décoction, mais qu’il utilisera néanmoins des malts moins « rustiques » donc plus riches en sucres ?
Après, c’est purement rhétorique, je brasse pas, mais quand je commence à me poser des questions…
Le calcul du degré Plato revient à prendre la densité initiale de la biere. Cette information est indispensable quelque soit les méthodes de brassage ou les matières premières car sans densité initiale, pas de densité finale et donc pas de degré d’alcool.
Si tu veux en savoir plus, tu peux toujours faire un stage à la brasserie de la Pleine Lune 🤣